Prise de vue RAW contre prise de vue JPEG
Mon activité m'amène à calibrer de nombreux boîtiers numériques et beaucoup d'utilisateurs amateurs ou professionnels font encore leurs prises de vue au format JPEG. Certes le JPEG est pratique, permet de stocker plus d'images sur une carte mémoire et autorise l'utilisation immédiate des fichiers, mais il ne faut pas oublier que la compression apportée aux images, le traitement interne au boîtier et les " petits " 8 bits du format JPEG réduisent significativement la qualité potentielle de vos images.
Nous allons comparer deux prises de vue d'une même scène: une prise en RAW et l'autre en JPEG. Cette scène est tout à fait banale tant au niveau de l'exposition que du contraste et ne pose à priori aucun problème. La prise de vue a été faite avec un EOS 400D, un objectif 1.8 / 50 mm ( utilisé à f8 - 100 ISO ). Le format RAW a été exposé à 1/200 seconde et développé dans Adobe Camera Raw, le JPEG a nécessité deux prises de vue : 1/200 et 1/400 seconde ( meilleure qualité JPEG, Adobe RGB 98, style d'image fidèle )
Prise de vue de la scène avec un EOS 400D ( 100 ISO, f8, 1/200 ) 50mm 1.8,
façade blanche, zone d'ombre et branchages sont les 3 zones que nous allons examiner.
Fichier RAW - Adobe Camera Raw avec profils personnalisés appliqués dans photoshop CS2
Le contraste de la scène est normal : une scène de jour sous le soleil. Pourtant nous voyons ( voir plus bas les crop 100% ) sur les fichiers jpeg issus du boîtier que si nous voulons conserver du détail dans les hautes lumières ( façade blanche ) il faut impérativement sous exposer d'un IL ( passer de 1/200 à 1/400 de seconde ), mais cette sous exposition fait perdre des détails dans les ombres ( quai, mur vertical au bord de l'eau ). Le problème est insoluble et il nous faut faire un choix : les ombres ou les hautes lumières.
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Fichier JPEG, prise de vue à 1/200 de seconde |
Fichier JPEG, prise de vue à 1/400 de seconde |
Le fichier RAW quant à lui permet d'exposer à 1/200 pour conserver du détail dans les ombres et de rattraper la surexposition dans Camera RAW : on récupère du détail dans les hautes lumières tout en conservant des ombres détaillées... Chose impossible à faire en JPEG !
Adobe Camera RAW : la surexposition est compensée avec le curseur " exposure " ,
on voit bien sur l'histogramme de droite que les détails des hautes lumières sont
récupérés sans pour autant détruire les basses lumières.
Fichier RAW 1/200 seconde |
Fichier JPEG 1/200 seconde |
Fichier JPEG 1/400 seconde |
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Le fichier RAW restitue des ombres beaucoup plus douces, ce fichier sera bien plus facile à retravailler sous photoshop car il n'y a pas de cassure dans les ombres. |
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La qualité des hautes lumières est pratiquement meilleure sur le fichier RAW ( exposé à 1/200 ) que sur le fichier JPEG exposé un IL |
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Qualité des détails : le RAW garde l'avantage avec une finesse dans l'image, une subtilité des teintes et une qualité dans les dégradés que le JPEG ne peut égaler ( même en qualité maximum comme ici ) |
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Nous pouvons expliquer ces résultats par le fait que les boîtiers utilisent des convertisseurs analogique / numérique sur 12 , 14 ou même 16 bits ( pour convertir le signal sortant du capteur en données numériques ) mais que cette quantification est réduite sur 8 bits sans aucune optimisation en jpeg ( opération non intelligente car automatisée et interne au boîtier ), alors que dans le cas du format RAW les 12, 14 ou 16 bits sont disponibles à posteriori et l'intervention manuelle et intelligente de l'opérateur permet d'optimiser la conversion.
Un récente annonce du JPEG consortium pourrait améliorer les images au format Jpeg avec le JPEG - LS, ce nouveau standard autorisant une compression sans perte et une quantification sur 16 bits ...
Conclusion
J'espère vous avoir convaincu de la supériorité de la prise de vue au format RAW sur celle effectuée en JPEG de plus cela permet de s'affranchir de tous les paramètres " numériques " de l'image lors de la prise de vue. En RAW les seuls paramètres à surveiller lors de la prise de vue sont les paramètres photographiques " traditionnels " ( cadre, mise au point, diaphragme et vitesse ), les autres paramètres spécifiques au monde numérique ( balance des blancs,
netteté, contraste, espace couleur, etc ) se faisant bien au chaud sur un moniteur calibré ...
La plupart des logiciels de développement de vos " négatifs numériques ( RAW ) " permettent de traiter un lot d'images après avoir rentré les paramètres de développement et certains permettent même d'insérer
des profils ICC de correction des couleurs pour arriver à des fichiers tout à fait dignes des meilleures Ektas ( voir la page DigitaL TargeT pour plus d'infos sur la calibration des boîtiers )
A NOTER : la façon d'exposer un RAW rappelle celle d'un film négatif : exposer pour les ombres, sachant que l'on dispose d'une marge de manoeuvre pour rattraper les hautes lumières. De cette façon on évite l'apparition de bruit dans les ombres. Il est couramment admis que cette marge est d'environ 1 diaphragme.
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